En 2014, la Trophy standard s'éclipse, laissant le soin à la version mieux équipée SE de friser les poustaches aux ténors de de la route. Cette version premium offre une suspension pilotée électroniquement – la détente est réglable sur 3 positions ( sport / normal / confort ) à l’avant comme à l’arrière ; l’amorto bénéficie en plus d’une précharge à 3 modes ( pilote, pilote + bagages, pilote et passager ).
Un système audio Bluetooth embarqué avec volume asservi à la vitesse, un port USB compatible MP3 / iPod - iPhone, un indicateur de pression des pneus, une selle chauffante et une prise 12V supplémentaire complètent la dotation.
De quoi affronter sereinement la concurrence. Il en faut pour s'imposer dans ce segment, où Triumph n'est revenu que très récemment. Dans le secteur du Grand Tourisme, seule la Rocket III Touring pouvait défendre le bastion. Mais ce mastodonte était davantage destiné aux highways et au cruising, intéressante concurrente des Harley Electra Glide et Victory Cross Road.
C’est donc avec bonheur qu’est accueilli le retour d’une routière emblématique de Hinckley : la Trophy. Et en 10 ans, la moto a eu le temps de s’approprier les dernières tendances en matière de style, technologie, électronique, et mode. Mais fait-elle quelconque clin d’œil à son aïeule ?
De 1996 à 2003, la Trophy ( 900 ou 1200 )était une moto majestueuse, pleine de galbes et de volupté stylistique. Une vraie dame anglaise, aux formes généreuses et à la silhouette extraordinairement british.
La Trophy nouvelle génération fait fi de ce passé et s'inspire de la concurrence et référence germanique. Les détracteurs avaient crié à la copie quand Triumph a présenté la1200 Tiger Explorer... Ils vont hurler au plagiat avec cette 1200 Trophy, véritable clone de l'ex BMW R 1200 RT. Même regard, même type de rétroviseurs intégrés avec clignotants incrustés, même design anguleux, même partie arrière, et ne parlons pas du monobras. On y verrait même un sabot moteur inspiré de la K 1600 GT. OK, dans son ensemble, la moto ne manque ni de classe, ni de prestance ; sauf que ce sentiment de déjà-vu est omniprésent. Deux sœurs jumelles, nées de famille différente.
Arrêtons la critique sur sa forme et concentrons-nous sur le fond. Car la marque anglaise jouera avec sa carte maitresse : son 3 cylindres. Le bloc inséré dans un nouveau cadre en aluminium n’est autre que le gros 1215 cm3 du trail Explorer. Légèrement revu, il annonce un peu moins de puissance maxi, 134 chevaux, mais disponible à un régime moins élevé (8 900 trs). Un couple copieux de 12.2 mkg assurera une belle disponibilité du muscle. Bien plus charmeur qu’un 4 cylindres et plus souple qu’un twin, le triple ne manque pas d’arguments. Et bien du monde loue les prestations du gros douze-cent dans le gros trail-GT de la marque.
Avec ce gros moulin, aucun problème pour faire décoller les 301 kilos (tous pleins faits) de la 1200 Trophy. Un poids certes conséquent, qui la situe dans les poids lourds de la catégorie : seules les Kawasaki 1400 GTR (304 kg) et Honda ST 1300 Pan-European (324 kg) la surclasse sur la balance – à l’opposé, une R 1200 RT plafonne à 259 kg ; soit un frigo de moins au niveau masse.
Ils ont mis du plomb dans les sacoches ?!? Non, juste une pléthore d’équipements. A bord de la 1200 Trophy, le pilote tombe sous le piège du confort : selle réglable en hauteur sur 20 mm, cruise-control, ABS et freinage couplé, bulle à réglage électrique à mémoire, contrôle de traction déconnectable, accélérateur ride-by-wire, clé codée, valises latérales de 31 litres de contenance chacune, petite boite à gants imperméable dans le retour de carénage avec prise 12V, plus toute une série de babioles. Et la liste s’allonge encore avec la version SE décrite plus bas.
Quelques précisions sur certains équipements :
/ La bulle électrique : elle mémorise la position. Coupez le contact : elle revient en position de base ; démarrez, et elle reprend la place réglée auparavant
/ Bagagerie à système dynamique. Les valises sont dotées d’un système de mouvement interne permettant d’isoler le contenu des vibrations de la moto. Cela permet aussi de moins influer sur la stabilité du châssis.
Ce châssis, justement, que propose-t-il ? Eh bien, du classique, de l’éprouvé, tout ce qu’il faut pour faire une GT efficace et sûre. Le cadre est une structure périmétrique en alu, prolongé d’une fourche inversée WP à l’avant, et terminé à la poupe par un monobras à cardan. Trois disques assurent le freinage : deux à l’avant de 320 mm pincés par de traditionnels étriers à 4 pistons, un 282 à l’arrière avec un étrier à double piston – le couplage assure un freinage de l’avant lorsque l’on sollicite l’arrière. 26 litres de carburant trouve place dans le réservoir. Et si le comportement dynamique a fait l’objet d’une attention de premier plan, détrôner l’exceptionnelle efficacité de la référence RT ne serait point chose aisée – à confirmer sur la route.
Avec sa 1200 Trophy, Triumph veut marquer un segment hyper sélectif, où la clientèle est d’une exigence supérieure. Elle a ce qu’il faut pour plaire, et en la jouant placé au niveau tarif, son moteur et son équipement devrait quelque peu agiter le marché.